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Changement climatique et surpêche : deux enjeux de la Mer des Caraïbes abordés à la Journée mondiale des océans

Les océans couvrent environ 71% de la surface de la Terre et contiennent 97 % de son eau, alors comment se porte notre « planète bleue » — et plus particulièrement la mer des Caraïbes ? L’économie bleue, présentée comme une solution durable aux préoccupations de la région, n’est-elle qu’un slogan ou s’agit-il du dernier espoir des Caraïbes ?

Le thème de la Journée mondiale des océans 2021 était « Vie et moyens de subsistance ». Bien qu’elle ne représente qu’environ un pour cent de la superficie océanique mondiale, soit une superficie approximative de 2,6 millions de kilomètres carrés, la mer des Caraïbes est une ressource essentielle pour sa population. Dans les zones côtières, 70% de la population subsiste grâce à la mer. D’une manière ou d’une autre, il est certain que les Caraïbes dépendent de la mer et de ses côtes pour vivre.

L’environnement marin de la région est confronté à une longue liste de défis, dont la pollution de toutes sortes : les plastiques et autres formes de déchets, les équipements de pêche abandonnés et le ruissellement de pesticides et autres produits chimiques utilisés dans l’agriculture, dont une grande partie n’est pas réglementée. Pour accueillir les développements touristiques, les côtes insulaires ont subi des changements drastiques. La construction des hôtels, des marinas et des ports de croisière, ont entraîné la suppression des habitats côtiers vitaux comme les mangroves, les récifs coralliens et les herbiers marins. La prospection et le forage pétrolier sont une autre préoccupation croissante dans certaines zones des Caraïbes.

Un autre problème, à ne pas négliger, est le braconnage et la chasse d’espèces marines et côtières importantes, y compris les tortues marines et les mammifères marins menacés. Le Programme des Nations Unies pour l’environnement des Caraïbes (UN/CEP), dont le siège est à Kingston, en Jamaïque, se concentre sur ce sujet pendant un mois à compter de la Journée mondiale des océans [le 8 juin, ndlt] afin de sensibiliser aux mammifères de la région, y compris les baleines, les requins et le lamantin des Antilles en voie de disparition :

Our marine mammal campaign starts tomorrow #WorldOceansDay2021🌊 until July 7!

Learn interesting facts about marine mammals🐬🐳 in the Wider Carib, the threats they face, conservation efforts being undertaken to protect them & how YOU can help!

…because #MarineMammalsMatter! pic.twitter.com/5M7BxMWg5U

— UNEP Cartagena Convention & Caribbean Enviro Prog. (@UNEP_CEP) June 7, 2021

Notre campagne sur les mammifères marins commence demain #JournéeMondialeDesOcéans2021 🌊 jusqu’au 7 juillet !

Apprenez des faits intéressants sur les mammifères marins🐬🐳 dans la Grande Caraïbe, les menaces auxquelles ils sont confrontés, les efforts de conservation entrepris pour les protéger et comment VOUS pouvez aider !

…parce que #LesMammifèresMarinsComptent!

L’agence des Nations Unies termine actuellement une campagne portant sur un autre défi, les algues sargasses, qui ont défiguré certaines des plus belles plages des Caraïbes et causé du tort à l’industrie du tourisme ces dernières années.

Alors que la région marque la Journée mondiale des océans, deux problèmes urgents et apparemment insolubles se dégagent : les impacts de la crise climatique et la surpêche, y compris la pêche illégale et non réglementée pratiquées par les pêcheurs locaux et étrangers. Ces préoccupations, entre autres, seront au centre des discussions de la journée du 8 juin, puisqu’elles ne sont malheureusement pas propres à la région des Caraïbes.

Après une série d‘ouragans dévastateurs au cours des dernières années, dont le plus récent est l’ouragan meurtrier Dorian qui a frappé en 2019, les Caraïbes se sont révélées extrêmement vulnérables au changement climatique. Son impact sur l’environnement marin progresse subrepticement et se manifeste de diverses manières, notamment par l’extrême dégradation des récifs coralliens, qui abritent plus de 60 espèces de coraux et 1 500 espèces de poissons, et sur lesquels est fondée une grande partie de l’industrie touristique. La hausse des températures marines de surface et l’acidification des océans rend les coraux plus fragiles et provoque un déclin dramatique. Les récifs coralliens et les mangroves, qui agissent comme des barrières protectrices et des zones de reproduction pour la vie océanique, ont été endommagés par un nombre accru de tempêtes de haute intensité. Selon un rapport de 2020 de l’Agence nationale de l’environnement et de la planification de la Jamaïque, aucun des récifs coralliens de l’île n’est en bon état et 36% sont classés dans un état critique.

Les organisations non gouvernementales locales cherchent à rétablir l’équilibre. En Jamaïque, plusieurs groupes communautaires restaurent minutieusement les coraux  en utilisant diverses méthodes de « jardinage » et replantent leurs jeunes coraux cultivés sur des récifs morts. A Grenade, un matériau « biorock » est également utilisé pour restaurer les coraux. On attend de voir les résultats de ces efforts innovants.

Pendant ce temps, Sustainable Grenadines (SusGren), une organisation non gouvernementale (ONG) transfrontalière axée sur l’environnement côtier et marin et les moyens de subsistance durables pour les habitants des Grenadines (située entre Grenade et Saint-Vincent-et-les Grenadines), s’est engagée sur un projet de culture de mousse de mer. L’une de ses principales entreprises a été la restauration de la lagune d’Ashton, un projet de marina ratée réhabilitée en une attraction côtière écotouristique réussie.

Toutes les questions autour de la mer des Caraïbes sont liées. Les Caraïbes sont l’une des régions de pêche les plus surexploitées au monde et la surexploitation des ressources de la mer, en particulier le problème mondial de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée sert à la fois des intérêts régionaux et étrangers. Les récifs coralliens des Caraïbes sont également affectés par cette surexploitation et, par extension, la vie et les moyens de subsistance des communautés locales de pêcheurs.

Lors de la Journée mondiale des océans, un webinaire organisé par le Earth Journalism Network a réuni des experts régionaux pour discuter du problème des subventions de pêche, et des différences potentielles qu’apporteraient ou non des négociations en cours sur les traités à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Indépendamment des efforts des ONG, qui sont souvent soutenues par des subventions d’organisations multilatérales, il appartient désormais aux gouvernements régionaux de travailler en étroite collaboration avec leurs citoyens pour protéger la mer et toutes les créatures qui y vivent. Certains s’en sortent mieux que d’autres : le Belize, par exemple, a étendu ses aires marines protégées (AMP) pour protéger ses récifs coralliens prospères.

La ratification et l’adhésion à des accords internationaux clés tels que le Protocole SPAW, que des pays comme la Jamaïque n’ont pas ratifié, et la Convention de Carthagène sur la biodiversité aiderait également à fournir une formation, une assistance technique, des subventions et à encourager la création d’un plus grand nombre d’AMPs.

La volonté et les actions politiques, informées et guidées par des scientifiques locaux tels que le spécialiste du changement climatique le professeur Michael Taylor et la biologiste marine professeur Mona Webber de l’Université des Antilles, aideraient à propulser les dirigeants des Caraïbes vers un plan de protection d’urgence réalisable. Au quotidien, l’application stricte des réglementations environnementales et une vigilance accrue contre la pêche illégale dans les eaux côtières et aux alentours doit être renforcée.

Les belles eaux turquoise des Caraïbes, qui furent si généreuses avec ses habitants et si bénéfiques à leur économie, ne méritent rien de moins.

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